Soixante-dix ans après sa mort, nul ne peut nier ou minimiser l’influence qu’eut et a toujours André Gide sur la littérature française – et internationale – et, plus amplement, la vie intellectuelle de son temps.
Cette autorité, cet ascendant spirituel et moral, qui baigne de son aura le vaste monde des lettres, s’est parfois exprimé d’une manière plus intime, à l’échelle de l’individu. Au cours de ses amitiés, dont les correspondances sont les témoins, André Gide aura eu à plusieurs reprises rôle de mentor, de modèle, d’aîné bienveillant.
Cette posture fut sans doute l’élément déclencheur, du moins la situation originelle, des relations qu’il eut – et dont les décennies d’échanges épistolaires sont le miroir – avec Robert Levesque et Edmond Jaloux.
Rencontrés respectivement lors de leur dix-septième et dix-huitième année, le futur enseignant de philosophie et le tout jeune poète trouvent en Gide un interlocuteur plus mûr, au jugement sûr et stimulant, qui reçoit en retour la vitalité et l’enthousiasme de jeunes hommes de lettres au brillant devenir, que les années de proximité révèleront comme des égaux.