« L'espace social et l'espace politique d'une grande ville : Lyon à l'époque du Front Populaire ». le titre ne doit pas abuser et être compris dans l'ordre strict de son énoncé. Du Front Populaire, il n'est que peu question. Le lecteur ne trouvera pas, ici, un récit des évènements qui se sont déroulés dans l'agglomération lyonnaise de février 1934 à novembre 1938. Rien sur les difficultés de la constitution, rien sur la réunification syndicale, rien sur la campagne électorale et l'atmosphère du moment, rien sur les grèves, les occupations d'usines, l'implantation militante des organisations et groupes, politiques, syndicaux ou professionnels. Ces phénomènes ne sont pas dédaignés ou ignorés au nom d'un rejet hautain de l'histoire événementielle. Ce récit reste, pour l'essentiel à faire, et il doit être fait. Mais, dans la démarche qui est nôtre, il ne doit intervenir que dans un deuxième temps, une fois connus les lieux où ils se déroulent, une fois démêlées les relations que le politique, le social et l'urbain entretiennent. Alors pourquoi le Front Populaire ? En raison de la coïncidence de la mise à jour des sources utilisées et d'une consultation électorale qui est restée gravée dans la mémoire collective. L'objectif est de retrouver, à l'occasion des dernières élections législatives de la IIIe République, les traditions sociales et politiques du monde lyonnais. Une grande ville ? Les définitions sont multiples, diverses, parfois contradictoires. Par-delà tout autre type d'approche, et en essayant de ne pas tomber dans le travers de toute interprétation moniste, le réductionnisme, une ville est répartition mouvante d'hommes et de femmes dans un espace bâti continu. Les clivages sont nombreux et interviennent dans des champs variés, groupes sociaux, générations, groupes ethniques ou groupes de migrants originaires d'une même région…