En un geste spectaculaire, Henry D. Thoreau construit une cabane dans les bois de Nouvelle-Angleterre et s'y installe de 1845 à 1847 pour consacrer sa vie à la nature et à la littérature. Sa retraite révèle une crise d'identité dont il tente de sortir par le choix d'une vie ascétique. L'étude de Michel Granger montre comment Walden représente un travail de reconstruction narcissique qui privilégie l'investissement de l'espace vital. Le refuge au bord du lac aide le narrateur à devenir un sage autonome, maître de sa violence intérieure, alors que le lent travail d'écriture aboutit aux jaillissements d'une langue nouvelle, paradoxale, qui s'ouvre sur l'inconnu, et fait fondre la raideur du personnage.
Michel Granger est professeur de Littérature et de civilisation américaines à l'Université Lumière Lyon 2 et rédacteur de la Revue française d'études américaines.