À la cave et au grenier, à la vigne et au champ : les villageois des vignobles du Chalonnais et du Mâconnais ont vécu, au XIXe siècle, de cette double activité. Le vignoble, produisant les « grands ordinaires de France », connaît, après 1850, un essor spectaculaire dû à une demande nationale en progrès et des prix en hausse : la vigne envahit alors les terroirs villageois. Sans éliminer les autres cultures, elle est source de prospérité pour les petits propriétaires et les vignerons avant d'engendrer de graves crises dues au phylloxéra puis à la surproduction. Le système domanial de production est alors dominé par les grands propriétaires qui contrôlent le devenir du vignoble et qui, proclamant les bienfaits de l'association capital-travail, en monopolisent une bonne part des revenus. Vignerons et petits propriétaires exploitants ont parfois du mal à remplir leurs caves et à garnir leurs greniers.
Pierre Goujon est agrégé d'histoire, docteur ès lettres et maître de conférences à l'Université Lumière Lyon 2 où il enseigne l'histoire contemporaine. Il est spécialisé dans l'étude des campagnes et a mené des recherches sur la Société des vignobles chalonnais et mâconnais du XIXe siècle. Il poursuit des recherches sur les sociétés paysannes dans le cadre du Centre d'histoire économique et sociale Pierre Léon de l'Université Lyon 2.