Paradoxalement, la crise dans laquelle s'enfoncent les économies nationales est une période de fantastique régénération. Étape de transition entre l'ancien et le nouveau, elle favorise la remise en question de l'ensemble des relations sociales. Des expériences se développent, certaines seront sans lendemain, d'autres préfigurent notre avenir, toutes participent à sa construction. Le changement technologique s'inscrit dans ce renouveau général. Toutes les technologies sont concernées, des plus anciennes telle la mécanique aux plus nouvelles telles l'informatique. Toutes subissent les effets du développement spectaculaire de la micro-électronique. L'atelier est un des lieux privilégiés de la coordination et de l'expérimentation des nouvelles techniques car, en son sein, elles sont confrontées aux conditions générales de rentabilité de capital et à ceux qui les mettent en œuvre à des fins productives, les travailleurs. De cette confrontation naîtront les ateliers de demain. Ainsi, l'atelier est au seuil d'une mutation technico-organisationnelle considérable. En effet durant les « trente glorieuse », la production manufacturière s'est organisée autour de deux pôles, d'un côté un pôle très automatisé dont la ligne-transfert est le plus beau fleuron, de l'autre un pôle peu automatisé caractérisé par l'atelier traditionnel. Autour de ces deux formes extrêmes se sont structurées les relations industrielles. Les Systèmes de Production Automatiques Flexibles, dont les ateliers automatiques flexibles sont des figures typiques, marquent l'avènement d'une voie médiane de développement des unités de production entre la spécialisation et la polyvalence.
Patrick Besson, né en 1954, est actuellement chercheur au sein de l'Équipe de recherche Associée au CNRS n°872 « Économie des Changements technologiques ».