L'œuvre de l'architecte Pierre-Marie Bossan (1814-1888) s'inscrit dans la vaste question d'une définition identitaire à Lyon au XIXe siècle. Alors que ses contemporains épuisent la formule archéologique, les regards de Bossan se tournent vers l'Italie et l'Orient dans une singulière réponse à la crise de l'architecture religieuse contemporaine. La basilique de Fourvière (1872-1896) est le chef d'œuvre d'un art qui s'offre pour ambition de résumer l'histoire de l'architecture occidentale, dans un style nouveau, vivant et dégagé de l'archéologie. Plus que le néo-gothique ou le néo-roman, le style gréco-romano-gothique de Bossan, comme le définira Maurice Denis en 1922, fera le lien entre les spéculations du XIXe siècle et la grandeur passée de la ville. Ainsi, l'œuvre de Bossan ne peut s'appréhender indépendamment des réflexions religieuses et historiques portant sur les ascendances romaine et chrétienne de Lugdunum. Fourvière, c'est aussi une école de bâtisseurs d'églises qui essaiment cet art nouveau dans la région lyonnaise et dans la vallée du Rhône, jusqu'à Marseille. L'œuvre de Bossan s'accomplit en dehors de la sphère nationale dans une expérience qui fut l'illustration d'une renaissance provinciale.
Docteur de l'École pratique des hautes études (2000), chargé de cours à l'Université Lumière Lyon 2, Philippe Dufieux est l'auteur de nombreux travaux sur l'art à Lyon aux XIXe et XXe siècles. Il a publié en 2003 (en collaboration), Villes haussmanniennes Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, aux éditions du Mécène (2003)et en 2004 (en collaboration) Arte e cultura nel Mediterraneo del XXo secolo, Consiglio Mediterraneo della Cultura, Roma.