Non récupérable, décidément. Impossible d'envoyer Sartre au purgatoire – alors que la scène (politique, philosophique, littéraire) ne ressemble guère à celle qu'il a occupée avec tant de pugnacité généreuse et de prolixité exigeante. Pourtant, Sartre reste omniprésent et plus contemporain capital que jamais. Mais c'est un nouveau Sartre qu'on a découvert depuis 1980 (avec notamment les Carnets de la drôle de guerre et les Lettres au castor), l'auteur de l'œuvre autobiographique la plus importante peut-être de la littérature française.
Sans doute est-ce à partir de ses lectures que Sartre s'est dit avec le plus d'intensité et de complexité. C'est donc dans cette perspective que le Colloque de Lyon (1985) a étudié sa relation, toute mêlée de fascination et de refus, d'amour et de haine, à la littérature et à la bibliothèque : des livres d'enfance à Proust, de Stendhal à Freud, des poètes à Foucault. Et c'est souvent un Sartre inattendu qui se découvre ainsi.