Comment l'idéologie de l'universalisme armé que la Grande Nation a léguée à la France contemporaine a-t-elle pu survivre à la confrontation sanglante et répétée avec la dure réalité des guerres mondiales ? À partir de cette question, que Louis Dumont a posée dans Homo aequalis, le livre de Sergio Luzzato se veut une réflexion critique autour du mythe des guerres de la Révolution. D'une part, l'auteur constate la surprenante vitalité, dans l'imaginaire de la gauche française, de l'universalisme révolutionnaire : pendant la première moitié du XXe siècle, nombre d'intellectuels continue de penser que tout bon Français est appelé à payer l'impôt du sang pour défendre le sol de la patrie et pour exporter la liberté dans le monde. D'autre part, on observe l'usure progressive de l'idéologie universaliste ; à la rude épreuve de la guerre mondiale, « plus jamais ça ! » devient le cri de ralliement des pacifistes de gauche pour qui tout sang versé est impur, qu'il soit étranger ou français.