Le terme de caméra se rencontre souvent dans le champ des études littéraires lorsqu'il s'agit de qualifier une narration romanesque « neutre »,« impersonnelle ». Et pourtant, est-il bien certain que l'appareil de prise de vue ne soit qu'un œil, objectif et impartial, qui se contente d'enregistrer les événements ? Pour répondre, il faudrait déjà avoir des idées claires sur les ombres qui s'agitent dans les salles obscures. Il faudrait, si l'on préfère, préciser comment la caméra contribue à construire la vision et le savoir du personnage et du spectateur, le point de vue. Partant de ce constat, on propose ici une réflexion qui oscille entre film et roman. Il n'est pourtant nullement question d'ouvrir une fois de plus le vieux dossier « cinéma et littérature », mais plutôt d'adopter une stratégie mobile, qui établisse les bases d'une typologie narratologique à la fois recevable pour l'analyse du film et du roman : en somme, une narratologie comparée.
François Jost est actuellement maître assistant à l'Université Montpellier III. Il a publié, dans diverses revues internationales, des articles sur la littérature et le cinéma. Il est le co-auteur de Nouveau Cinéma, nouvelle sémiologie et réalisateur de courts-métrages.