Le deuxième centenaire de la mort de l'architecte Jacques-Germain Soufflot (Irancy, près d'Auxerre, 1713 - Paris 1780) a été manqué par deux importantes manifestations : l'exposition Soufflot et son temps, organisée par la Caisse Nationale des Monuments Historiques et des Sites, à Lyon, puis à Paris, de juin 1980 à janvier 1981, sous la direction scientifique de Michel Gallet avec la collaboration d'une équipe lyonnaise, et la colloque du C.N.R.S. Soufflot et l'architecture des Lumières, tenu à l'Université Lyon II en juin 1980 et dont les Actes ont été publiés à la même année, conjointement parle C.N.R.S. et par la Direction de l'Architecture. Dans les Actes du colloque comme dans le catalogue de l'exposition - deux ouvrages qui se complètent sans constituer cependant l'ouvrage définitif sur Soufflot que le public attend - de nombreux aspects de l'architecture et de son œuvre ont été abordés : les deux séjours en Italie, et principalement à Rome, celui des années de formation, de 1733 à 1738, puis le célèbre voyage de 1749 - 1751 en compagnie du marquis de Vandières (le futur Marigny), qui lui permit d'étudier l'architecture antique et moderne de Rome et de l'Italie et de « découvrir » les temples grecs archaïques de Paestum ; la longue période lyonnaise de 1738 à 1755, coupée par le second voyage d'Italie ; la carrière officielle à Paris ; les relations de Soufflot avec la société et les artistes des différentes villes où il a vécu ; ses œuvres privées, publiques, religieuses et hospitalières ; l'urbanisme de Soufflot à Paris et en province ; le rôle du « contrôleur » de Paris et de Lyon et du directeur des manufactures royales ; le créateur audacieux de Sainte-Geneviève (le Panthéon actuel), édifice majeur autour duquel s'organisait toute une séquence sur les grands édifices à coupole ; l'un des initiateurs enfin du « goût grec » et du « retour à l'antique ». Après ces deux publications, quelle est l'opportunité de l'ouvrage que vous présentons aujourd'hui, ouvrage consacré exclusivement à l'œuvre de Soufflot à Lyon, pendant les quinze années de son séjour, mais aussi après 1755 puisqu'il resta attaché jusqu'à la fin de sa ville d'adoption, même après son établissement à Paris où il avait été appelé par le surintendant des Bâtiments, le marquis de Marigny ?
Extrait de l'avant-propos de Daniel Ternois et Marie-Félicie Pérez