La monnaie a toujours eu un rôle fondamental dans le développement en général, et dans le développement du Tiers Monde en particulier. Les conditions d'implantation d'un système économique colonial ont souvent été associées aux phénomènes monétaires : la traite des esclaves semble avoir débuté par l'insertion des esclavagistes européens dans les chaînes d'échange monétisées des tribus africaines ; la traite des marchandises auraient été rendue possible grâce à l'introduction par le colon d'un système d'impôt monétaire pro capita ; l'évolution des relations économiques entre métropoles et pays colonisés se serait accompagnée de l'extension et de la ramification des réseaux bancaires métropolitains dans les territoires coloniaux. Aujourd'hui, pour plusieurs pays du Tiers Monde la problématique du développement reste rattachée, de près ou de loin, à celle des zones monétaires : la zone franc, la zone dollar ou le projet d'un éventuel fonds monétaire africain en sont des exemples. Plus encore, la plupart des problèmes auxquels ces pays se trouvent confrontés sont en relation avec des questions monétaires et financières : l'inflation mine la structure économique de la majorité de ces pays ; l'endettement conditionne l'essentiel de leurs choix en matière économique ; l'épargne et le crédit constitueraient des pierres d'achoppement pour leurs choix financiers. Cet ouvrage propose une nouvelle grille de lecture pluridisciplinaire pour mieux comprendre ces phénomènes : l'approche par les systèmes d'intégration monétaire. En étudiant le rôle de la monnaie dans la mise en relation des individus dans une société, dans la détermination d'objectifs sociétaux et économiques, ainsi que dans la reproduction des modes d'organisation qui en résultent, cette approche permet de concevoir des systèmes d'intégration économique et monétaire autres que celui de l'échange : la distribution, la redistribution et la réciprocité circulaire.
Docteur ès sciences économiques et sociales de l'Université de Fribourg, René Chopard a été assistant à la chaire de systèmes bancaires et financiers de l'École des Hautes Études Commerciales de l'Université de Lausanne, puis maître-assistant à la Chaire d'économie politique à la faculté de Droit de l'Université de Lausanne, où il continue à enseigner le cours de comptabilité. Il est directeur du Centre d'études bancaires de Vezia-Lugano depuis 1990.