C'est en essayant de comparer localement le tracé de la Saône à la fin du XVIIIe siècle par rapport à ses emprises successives, qu'un certain nombre de difficultés liées en particulier aux altitudes d'étiage sont apparues. Nous nous sommes alors tournés vers Louis Bonnamour, qui a consacré sa carrière à la Saône et a réuni, puis sauvegardé, une abondante documentation sur la rivière. Tout en mettant à notre disposition de nombreuses copies d'archives de l'ancien Service de la Saône de Chalon, M. Bonnamour nous précisait que bien des problèmes subsistaient pour interpréter les cotes d'altitude, en particulier lorsqu'il s'agissait de comparer des documents établis à des dates différentes.
Après une indispensable étude de l'historique des nivellements, nous avons recherché les discordances entre les différents systèmes altimétriques utilisés pour niveler la Saône et ses abords, depuis la deuxième moitié du XVIIIe siècle jusqu'à la seconde moitié du XXe. L'analyse des différentes opérations a alors autorisé la comparaison des profils en long levés entre 1836 et 1891. Le profil de 1836 entre Chalon et Tournus, antérieur aux grands aménagements et bien corrélé avec un nivellement de précision exécuté en 1866 et 1867, nous a semblé tout indiqué pour caractériser la rivière avant les campagnes de travaux d'amélioration de la navigabilité. Une réflexion a pu être engagée en intégrant au profil en long de 1836 les données locales géologiques, archéologiques et topographiques afin d'aborder la morphologie du lit, l'hydrodynamique d'étiage et examiner les principaux critères pouvant caractériser le chenal et son évolution.