La poésie, bien plus que la prose, est par excellence l'expression de la littérature turque de la période ottomane. On peut diviser celle-ci en deux courants : le premier, de cour, savant (Diwan), longtemps considéré comme seul digne d'être goûté par le public cultivé. Le second populaire, soit d'inspiration religieuse, soit d'inspiration profane, véhiculé par des troubadours s'accompagnant la plupart du temps du saz. Cette poésie populaire est l'expression de la culture anatolienne avec ses très grands poètes comme Pir Sultan Abdal, Karadja-Oghlan, le plus grand de tous peut-être après Yunus Emre, Kayghzuz Abdal, Khatayi, Kor-Oghlou, Gertli, Achik, Dadal-Oghlou. Une lignée ininterrompue qui va du XIVe siècle aux poètes/chanteurs contestataires d'aujourd'hui. Des poètes anonymes se sont souvent exprimés sous les noms des chantres les plus célèbres. Pour pouvoir être transmise et adoptée, cette poésie devait avoir des images sûres et fortes exprimant des thèmes directement sensibles. Elle exprime une intense participation au monde, non un jeu plein de grâce où la virtuosité l'emporte sur ce qu'il véhicule. La poésie populaire turque est une des plus prenantes de la poésie orientale et, davantage, de la poésie tout court.