Sociologue de la ville, Jean-Noël Blanc endosse dans cet
essai le costume du détective privé pour enquêter sur les visions de la ville
dans le roman policier.
Il montre ainsi que le polar classique américain (Raymond Chandler,
Dashiell Hammett, etc.) a développé un formidable vocabulaire expressionniste
des lieux urbains, mais que sa conception de la Grande Ville perverse était
très ambiguë. Par la suite, ce modèle d’écriture a évolué sous la pression des
conditions réelles de l’urbanisation, comme sous l’influence de divers courants
littéraires et politiques. La première édition de Polarville concluait ainsi à la disparition progressive des thèmes
principaux du roman noir des origines, sous couvert du maintien de son lexique
d’images. Cette réédition, enrichie d’une préface de Dominique Manotti,
confirme dans sa postface le passage à un roman beaucoup plus ouvertement
urbain et réaliste.
Jean-Noël Blanc, qui enseigné dans les écoles
d’architecture de Lyon et de Saint-Étienne, est l’auteur de nombreux romans,
recueils de nouvelles ou essais, commeTête de moi (Gallimard jeunesse, 2002), Besoin
de ville (Éditions du Seuil, 2003), L’Inauguration
des ruines (Joëlle Losfeld, 2013), et de quelques romans policiers.
Dominique Manotti, spécialiste de l’histoire économique du xixe siècle, applique
les outils de la recherche historique à l’écriture de romans noirs à forte
connotation économico-politique et sociale. Son dernier ouvrage, Marseille 73 (Les Arènes, 2020), a été
réédité en poche (Points policier, 2022).