Né vers 1490 à Stolberg dans les montagnes du Harz, Thomas Müntzer, après ses débuts obscurs dans les premiers temps de la Réforme, émerge de la masse des partisans de Luther au printemps 1520, quand il est nommé prédicateur à Zwickau. Un an plus tard, un conflit avec la municipalité met fin à ses fonctions et marque les débuts de son cheminement autonome. Il se rend alors à Prague, où il rédige son premier texte théorique. Contrain de quitter cette ville à la fin de 1521, il est nommé à Pâques 1523, après un an et demi d'errance, prédicateur à Allstedt, en Thuringe. C'est là qu'il va publier l'essentiel de son œuvre. A la suite de nouveaux conflits, il se réfugie à Mühlhausen, en Thuringe également, où il participe à la réforme des institutions municipales. Il est probablement à Nuremberg à l'automne 1524, puis parcourt l'Allemagne du Sud-Ouest au moment où s'y développent les premiers soulèvements paysans. Rentré en Thuringe en février 1525, il devient l'un des chefs de la rébellion dans cette région. Fait prisonnier à la bataille de Frankenhausen, qui marque en Allemagne moyenne la fin de la guerre des paysans, le 15 mai 1525, il subit la question et sera exécuté une quinzaine de jours plus tard. Son œuvre est aussi brève et aussi dense que sa vie : six textes théoriques et polémiques, écrits entre l'automne 1521 et l'automne 1524 ; trois textes, de 1523/24, traitant de la réforma de la liturgie ; des notes et des ébauches de sermons ; et enfin quelques dizaines de lettres, la plupart datées de 1524/25. C'est peu, si l'on compare quantitativement à l'œuvre d'un Luther. C'est beaucoup, si l'on songe au retentissement de sa pensée au XVI siècle et à ses prolongements jusqu'à nos jours.