Non pas Baudelaire et la peinture, ni Baudelaire et le romantisme, mais Baudelaire, la peinture et le romantisme. Il s'agit de penser ce moment de 1850, où le romantisme fait retour sur lui-même et se trouve confronté au réalisme naissant. La peinture est alors chez Baudelaire le lieu où se révèlent le mieux ces tensions poétiques et esthétiques et elle constitue une voie d'accès privilégié à ce qu'il est convenu d'appeler la modernité. C'est pourquoi l'analyse, qui porte aussi bien sur des écrivains comme Flaubert et Poe que sur des peintres comme Delacroix, Courbet et Manet, cherche à dégager les enjeux philosophiques de cette refondation du romantisme par Baudelaire. Alors que l'on assiste à la décomposition de la doctrine de l'ut pictura poesis, la peinture et la poésie chez Baudelaire s'éprouvent l'une à l'autre et font la preuve que le poète est le « peintre de la vie moderne ».
Pierre Laforgue est Professeur de Littérature française à l'Université de Franche-Comté. Ses travaux portent sur Hugo, à qui il a consacré deux ouvrages (Gavroche. Études sur Les Misérables, SEDES, 1994, Victor Hugo et La Légende des Siècles, Paradigme, 1997) et sur le romantisme en général (L'Éros romantique. Représentations de l'amour en 1830, PUF, Littératures modernes, 1998). Il est également l'auteur d'une quinzaine d'articles sur Baudelaire.